Mes propositions
Mesdames et Messieurs, Chers amis
Le Général de Gaulle disait « Comment voulez-vous gouverner dans un pays où il existe 258 variétés de fromage ». Et bien dans le Doubs je suis venue vous dire que je n’imagine pas plus grand honneur et plus grand bonheur que d’être invitée ici et pouvoir déguster vos fromages, ma passion, mon réconfort.
La politique agricole et ses subtilités je les ai découvertes avec mon mentor Jacques CHIRAC, que je suivais dans les comices agricoles de Corrèze, ma terre d’adoption depuis 27 ans.
Il m’a tout appris en politique. Il nous disait « j’ai appelé un paysan corrézien et il m’a dit ceci cela… » nous on pensait que ce paysan n’existait pas et un jour j’ai rencontré un de ces agriculteurs corréziens dont il nous parlait souvent et il m’a dit « j’ai eu ce grand Jacques au téléphone ». Jacques Chirac m’a appris à écouter le bon sens paysan.
Oui j’ai la conviction souvent que notre pays irait mieux s’il était guidé par les valeurs des hommes et des femmes de la terre. Le travail, le courage, la solidarité et l’humilité devant la nature, mais aussi la passion, l’envie d’entreprendre, d’innover, voilà les valeurs que porte le monde paysan et qui manquent parfois si cruellement à la France qui est la nôtre aujourd’hui.
Voilà pourquoi, pour un de mes tous premiers déplacements, j’ai voulu enraciner ma campagne et enfin parler d’agriculture.
Si les Français me font confiance je serai l’avocate des préoccupations des agriculteurs et leur ambassadrice.
Cette grande puissance agricole qu’il aura défendue toute sa vie, qu’est-elle devenue à la fin du mandat de Monsieur MACRON ?
C’est dur à croire et surtout à entendre, mais elle ne parvient même plus à nourrir les Français.
Nous importons aujourd’hui 20% de notre alimentation quotidienne, une plus grande part encore de notre consommation de viande bovine et même 40% de nos fruits et légumes. Sans parler du BIO dont nous dépendons pour un tiers de l’extérieur.
Nous perdons du terrain au sein même de l’Europe, pourtant régie par une politique commune qui avait été faite par et pour la France dans les années 60.
Qu’il est loin l’esprit initial du Traité de Rome qu’avaient négocié les pères fondateurs de l’Europe pour développer l’agriculture française !
Symbole aussi triste que révélateur : c’est sous le quinquennat de Monsieur MACRON que l’agriculture française est devenue déficitaire en Europe pour la première fois depuis 1945.
Et le gouvernement ose nous parler de souveraineté alimentaire ?
Mais la souveraineté alimentaire de la France n’est plus.
Nous l’avons perdue dans l’indifférence de ceux qui nous gouvernent depuis 10 ans.
Monsieur MACRON a fait beaucoup de promesses et de beaux discours, mais il restera le Président du décrochage agricole de la France dans l’Union européenne.
Pire, nous exportons des matières premières et nous importons des produits transformés, en laissant la valeur ajoutée au palier de nos frontières, au lieu de l’ancrer dans les cours de nos fermes et dans nos territoires.
Et non content de voir la France déclassée en Europe, que fait le gouvernement à Bruxelles ?
Il ne dit pas un mot sur le projet de la Commission, le fameux « Farm to Fork », « de la ferme à la fourchette » en bon français, qui programme l’attrition de la ferme européenne en coupant drastiquement ses moyens de production d’ici à 2030.
Résultat : pour les dix prochaines années, les premières études d’impact prévoient en Europe une baisse de la production de 12%, une baisse des revenus agricoles de 16% et une hausse des prix alimentaires de 17% !
Nos concurrents mondiaux en ont rêvé. Monsieur MACRON laisse faire. Les députés européens marcheurs ont voté pour le déclin de l’agriculture de l’agriculture française comme un seul homme et seuls nos députés du PPE s’y sont opposés…
Et pendant ce temps-là, les grandes puissances mondiales réarment leur agriculture et investissent massivement dans leur indépendance alimentaire et dans le « pouvoir vert » si importants dans les rapports géostratégiques. L’Europe est le seul continent qui fait sciemment une croix sur sa capacité à nourrir ses propres citoyens.
La Présidence française de l’Union Européenne doit s’opposer de toutes ses forces à cette invraisemblable stratégie de décroissance alimentaire.
Il faut faire barrage à cette folie parce que nous avons déjà perdu assez de terrain sur les marchés mondiaux, parce que la crise sanitaire a brutalement révélé notre dépendance à tous ceux qui ne l’avait pas encore mesurée, parce que trop d’exploitations ont déjà disparu.
L’impérieuse nécessité de nourrir les Français, de stocker le carbone, de peser dans la géopolitique alimentaire, d’assumer notre responsabilité face aux famines climatiques et donc de préserver notre force d’exportation : ce sont autant de motifs impérieux de produire plus, pas moins !
Notre puissance agricole retrouvée, pour moi, c’est un pan entier de mon projet pour une fierté française retrouvée.
Cette puissance retrouvée, elle viendra avant tout des hommes et des femmes qui labourent, qui élèvent, qui vendangent et qui cueillent.
Elle viendra de l’humain.
Le défi humain est immense dans nos campagnes.
Il est à la fois moral et économique.
La disparition de nos fermes est le symptôme d’une crise morale profonde qui mine le monde agricole.
Entourés hier d’un attachement profond de la Nation et du respect de tous les Français pour un métier aussi dur qu’exigeant, nos paysans souffrent aujourd’hui de mille accusations qu’une minorité de procureurs répandent dans les réseaux sociaux et les media comme un poison.
Quelle injustice pour les paysans qui ont toujours fait ce que le pays leur a demandé !
On vous a demandé de fournir des bras à l’industrie naissante, et vous l’avez fait.
On vous a demandé de produire plus et plus vite pour nourrir un pays affamé par la guerre, et vous l’avez fait.
On vous a demandé de produire mieux et autrement, de réduire les intrants et de soutenir la biodiversité, et vous l’avez fait.
On vous a demandé de faire du BIO, et beaucoup l’ont fait. Le gouvernement a supprimé les aides au maintien et le marché ne paye plus ces efforts.
Et maintenant, on vous demande encore de changer de modèle !
Ça suffit !
A nos paysans qui ont fait tant d’efforts pour obéir à une société dont chaque décennie a fait varier les exigences, on reproche aujourd’hui de martyriser les animaux alors qu’ils aiment leurs bêtes plus que tout, de polluer la nature alors qu’ils sont les premiers écologistes de France ou de nuire à la santé des consommateurs alors qu’ils nourrissent aussi leurs propres enfants…
L’agri-bashing que manipule une poignée d’activistes est aussi injuste qu’infondée. C’est un venin qui coule dans les ruisseaux de nos campagnes, ronge à petit feu la fierté des agriculteurs et les fait douter de leur place dans la société.
Face à tous ceux qui agressent les agriculteurs, verbalement et parfois physiquement, avec tous ceux qui violent la propriété privée, s’introduisent illégalement dans les exploitations, les retenues collinaires et les élevages, face à tous ceux qui brisent les vitrines des bouchers, je serai intraitable.
Et je vous le dis solennellement, je condamne fermement les méthodes et la violence de ceux qui salissent le métier et l’honneur des agriculteurs.
Je bâcherai l’agri-bashing.
Je restaurerai l’agrifierté
Pour nuire et nier la sincérité de mon engagement profond en faveur de l’élevage, mes adversaires ont fait courir la rumeur que j’aurais signé la Charte de l’association L-214 .
Il est temps de rétablir la vérité, j’ai répondu à d’innombrables questionnaires pendant la campagne des régionales mais la seule Charte que j’ai signée, c’est celle des agriculteurs d’Ile-de-France.
Je rappellerai au pays l’engagement qui fut le vôtre au pire de la pandémie pour nourrir tous les Français.
Mesdames et Messieurs, ce malaise moral se double d’une crise économique qui laisse trop souvent un revenu indigne à ceux qui nous nourrissent.
Ce ne peut être le fondement d’une agriculture durable.
Les chiffres du dernier recensement agricole dont le ministre semble se satisfaire montrent d’ailleurs que notre modèle d’exploitation familiale est en jeu : nous en avons perdu une exploitation sur cinq depuis 10 ans et 50% des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 10 ans. Le défi est immense.
Il faut que la France préserve son capital le plus précieux que sont la terre et les hommes qui la travaillent.
Une agriculture durable, pour moi, cela passe par 4 choses essentielles:
- des revenus
- un renouvellement des générations dynamiques
- la libération des contraintes et des énergies
- l’investissement dans la recherche et l’innovation.
Malgré toutes les promesses de Monsieur MACRON qui a fait, défait et refait la loi EGALIM, rien n’a changé, en tout cas pas pour la plupart des filières : la valeur reste toujours aussi mal répartie et la rémunération du producteur reste toujours la variable d’ajustement de la formation du prix.
Il a été ministre de l’Économie. Il devrait savoir qu’on ne décrète pas les prix par la loi.
C’est pour ça que je commencerai par restaurer la compétitivité des entreprises agricoles !
Car les agriculteurs sont des entrepreneurs et comme tous les entrepreneurs, ils ont besoin de créer de la valeur.
Le revenu, on l’augmente en baissant les charges.
Comme je l’ai proposé pour les salariés, je veux faire en sorte que le travail des agriculteurs et des agricultrices soit mieux valorisé.
Je baisserai les taxes qui pèsent sur la production. Je propose en particulier d’augmenter de 20 à 50% l’abattement forfaitaire sur les terres agricoles dans le calcul de la taxe sur le foncier non bâti.
L’augmentation des revenus que je souhaite passera aussi par la réduction des cotisations vieillesse sur laquelle je me suis engagée. Je les baisserai d’un tiers dès l’été 2022 !
Par ailleurs, je pérenniserai l’allègement des charges patronales « TO-DE » pour les employeurs de travailleurs saisonniers.
Et j’exonèrerai totalement de charges patronales les entreprises de moins de 10 salariés qui prenne un jeune en apprentissage.
Garantir le revenu, c’est aussi instaurer une véritable gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques.
Je m’engage à ce que la solidarité nationale joue pleinement pour couvrir le reste à charge insupportable par chacune des filières en cas de risque climatique extrême.
Et c’est parce que nous aurons réussi créer davantage de valeur dans les exploitations que leur transmission sera facilitée.
Oui, le plus grand défi que devra relever le pays et son agriculture dans les 10 années qui viennent, est le renouvellement des générations.
De notre capacité à assurer la relève pour compenser les départs au cours de la prochaine décennie dépendra notre souveraineté alimentaire, la pérennité de nos paysages, la vie de nos territoires ruraux et l’emploi dans les zones les moins denses du pays.
Renouveler les générations, c’est d’abord encourager la transmission : j’allègerai la fiscalité des transmissions dans le cadre familial pour un héritier en ligne directe qui reprend l’entreprise à titre principal.
Je supprimerai également la taxation des plus-values lors des cessions à un jeune agriculteur.
Renouveler les générations et installer des jeunes, c’est aussi l’affaire des aînés. C’est la raison pour laquelle je propose de créer un complément de retraite pour le cédant qui accompagne l’installation progressive d’un jeune.
Parallèlement, vous le savez, je me suis engagée à réformer les retraites pour qu’à l’issue, les Français qui ont cotisé toute leur vie ne touchent pas moins que le SMIC net mensuel et cela vaut évidemment pour les agriculteurs.
Je m’engage à revaloriser les pensions de réversion et les passer de 54 à 75%.
Renouveler les générations, c’est aussi faciliter l’accès à la profession hors cadre familial en soutenant les dispositifs de portage foncier, comme je l’ai fait en Ile-de-France.
Pour attirer les jeunes en quête de sens, il faut réinvestir l’enseignement agricole, le remettre en phase avec les besoins et la réalité des filières, et surtout le valoriser dans le parcours d’orientation. Et dire à chaque jeune que l’agriculture a un bel avenir.
Renouveler les générations, c’est aussi féminiser le métier, en élargissant les dispositifs d’aide au remplacement pour les futures et jeunes mamans, et en veillant à ce que les agricultrices puissent disposer d’une offre de services d’accueil des jeunes enfants en milieu rural. J’y veillerai personnellement.
Tout comme je veillerai à ce que les veuves d’agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie sans suffisamment cotiser, puissent bénéficier d’une pension de reversion égale à 75% (au lieu de 54%) de la pension de leur conjoint.
Avec le revenu et le renouvellement des générations, la libération des contraintes doit enfin devenir une réalité, et avec elle la libération des énergies.
Alors que nos terres sont parmi les meilleures et nos agriculteurs les mieux formés, comment expliquer que notre agriculture décroche du fait d’une concurrence déloyale alors que nous sommes censés être dans une Europe qu’encadrent des règles communes ?
C’est le génie français de la surtransposition des normes européennes qui en est responsable.
Nos agriculteurs croulent sous les normes qui brident leur soif d’entreprendre et alourdissent leurs charges par le poids cumulé d’une superposition de contraintes, souvent incompréhensibles, parfois contradictoires et rarement étayées de justification scientifique.
Les agriculteurs les appliquent sans toujours les comprendre et les fonctionnaires les contrôlent sans toujours savoir pourquoi.
J’ajoute que beaucoup de ces interdictions changent sans arrêt et font des agriculteurs des délinquants en puissance malgré leur bonne foi.
Je dis STOP !
Emmanuel MACRON s’était engagé à bannir toutes les surtranspositions de règlementations et directives européennes : c’était juré/craché.
Comme souvent, l’encre de ses promesses à peine sèche, il les trahissait déjà.
Depuis 10 ans, on demande aux agriculteurs de faire la course en sac pendant que leurs concurrents européens sprintent sans entraves.
Moi, non seulement j’honorerai la promesse de ne plus jamais surtransposer aucune directive communautaire, mais j’irai encore plus loin. Je m’engage à faire une revue systématique de tout le stock de la réglementation française issue du cadre agricole européen dans les six premiers mois de mon quinquennat, cad avant la fin de l’année.
Et je le soumettrai au « comité de la hache » pour que l’agriculture soit la première bénéficiaire du choc de simplification grâce auquel je veux libérer les entreprises françaises de la suradministration qui les étouffe depuis trop longtemps.
Il y a les surtranspositions du droit communautaire, mais il y a aussi cette manie de tous les gouvernements français qui se sont succédés depuis 10 ans de laver plus blanc que blanc. Résultat : ce sont les ministres de l’agriculture français eux-mêmes qui ont inventé de nouvelles contraintes à chaque battement de cil d’une association ou d’un journaliste.
La surtransposition a mis un boulet aux pieds des agriculteurs et les gouvernements l’ont encore alourdi avec des interdictions franco-françaises. Le glyphosate en est la meilleure illustration.
D’autres impasses ont été créées par des interdictions qui menacent des filières toutes entières.
J’en prends devant vous l’engagement : avec moi, il n’y aura pas d’interdiction sans solution.
Le choc de simplification que je veux pour la France, il doit concerner les exploitations comme les industries, grandes et petites, de l’amont et de l’aval, de l’agrofourniture comme de l’agroalimentaire. Ces entreprises, souvent PME, qui irriguent le monde rural et sont bloquées par les procédures d’installation, les normes de sécurité, les exigences administratives et les recours. Construire en Allemagne coûte 20% moins cher qu’en France et les délais y sont plus courts de 6 mois. Cherchez l’erreur…
En France, les tomates sous serres chauffées ne peuvent pas être vendues avec le label BIO avant le 1er mai alors que les mêmes tomates BIO produites en Espagne inondent librement notre marché. Encore un bel exemple de transposition et de concurrence déloyale.
Simplifier, c’est mon Alpha
Investir, c’est mon Oméga
On a saupoudré, dépensé, aligné des chiffres et communiqué.
Mais on n’a rien construit de robuste, mené aucune réforme structurelle, ni fait bouger aucune ligne.
Les plans de filières, écrits à l’arrache au début du mandat, sont toujours sans effets, ni lendemains.
Ces promesses non tenues sont d’autant plus graves pour notre élevage qui reste irremplaçable pour garantir une activité agricole, et même une activité tout court dans bon nombre de territoires sans alternatives agricoles.
A cet égard, je ne m’explique pas le choix d’Emmanuel MACRON de financer son Plan protéines par la baisse des aides animales alors que notre élevage subit une grave décapitalisation.
Pas plus que je ne comprends l’abandon des zones intermédiaires, grandes oubliées du gouvernement, à qui nous devons une attention spécifique comme nous entourons de notre bienveillance les territoires de montagne et les zones difficiles.
C’est cela cette agriculture diverse et complémentaire qui fait de la France ce qu’elle est et ce qu’elle a de meilleur : du bon pain, des bonnes viandes, des fromages, des vins, tous ces produits qui fondent notre gastronomie et son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO
En disant cela, bien-sûr, je n’oublie pas nos amis agriculteurs ultramarins qui, avec beaucoup de courage, développent des filières d’exception que je soutiendrai.
Nous avons besoin d’un choc d’investissement dans la double performance économique et environnementale des exploitations.
La nation doit se donner les moyens politiques, mais aussi financiers de ses ambitions, comme de ses exigences vis-à-vis de son agriculture et de son alimentation.
Nous avons aussi besoin d’un effort d’investissement massif dans les outils de production, de collecte et la transformation industrielle pour que l’agroalimentaire soit à l’avant-garde de la réindustrialisation de la France. Nous devons faire revenir la valeur ajoutée qui s’est enfuie hors de nos frontières.
Car nous avons besoin d’une agriculture qui marche sur ses deux jambes, le local et l’export.
Je soutiendrai toutes les initiatives individuelles et collectives qui valorisent la proximité et tirent les bénéfices des circuits courts.
Parallèlement, je porterai haut la vocation exportatrice de l’agriculture française en investissant massivement dans la performance des infrastructures logistiques, qu’elles soient fluviales, portuaires et aéroportuaires pour améliorer la compétitivité de nos filières d’exportation historiques.
La ferme France a aussi besoin d’un vrai choc de recherche.
Il faut faire clairement le choix de l’innovation face aux nostalgiques de l’agriculture d’antan qu’ils rêvent figée dans des pratiques auxquelles serait refusée toute modernité, coupable à leurs yeux des pires atteintes à la planète !
Je n’ose imaginer la tête que feraient demain les agriculteurs et leurs salariés si on leur demande de désherber à la binette….
Moi, je me préoccupe aussi du bien-être des Hommes !
L’INRAE doit être le bras armé d’une recherche publique mise au service des agriculteurs.
Mais il est tout aussi indispensable de faire avancer main dans la main la recherche publique et privée pour conjuguer les moyens comme les intelligences. C’est ce que j’ai fait en Ile-de-France sur la jaunisse de la betterave en mobilisant d’importants crédits régionaux aux côtés d’un consortium réuni autour d’un semencier.
C’est aussi ce que nous devrons faire, résolument, pour développer l’innovation génétique que permettent les NBT. Nous devons nouer des partenariats public-privé pour investir le champ de ces nouvelles technologies qui nous permettront d’accélérer le temps de la sélection et de gagner la course contre la montre à laquelle le changement climatique nous oblige.
Nous devons aussi prendre l’initiative d’une recherche européenne mutualisée face aux plus grands défis de l’agriculture continentale du 21è siècle.
C’est d’autant plus nécessaire que les batailles à mener sont immenses.
La première d’entre elles, celle qui transcende toutes les autres, c’est d’adapter notre agriculture au changement climatique.
Car si le travail de la terre est un gisement de solutions dans la lutte contre le réchauffement et doit être reconnu comme tel, l’agriculture est aussi la première victime de ces bouleversements planétaires.
Le grand défi du changement climatique : c’est l’eau.
On peut organiser tous les Varenne possibles, on ne résoudra pas courageusement ce problème avec des « en même temps ».
D’autant plus que sous ce quinquennat, ce sont les activistes qui ont pris le pas sur le politique …
L’impunité dont ont bénéficié les zadistes de Sivens est la mère des violences d’aujourd’hui contre les réserves d’eaux.
On ne prendra pas les décisions qui s’imposent tant que resteront impunis les vandales qui détruisent les bassines par dogmatisme militant.
L’autorité de l’Etat se juge aussi dans les ministères.
Sous ce quinquennat, ce sont trop souvent les administrations qui ont pris le pas sur le politique,
Alors que le ministre venait d’annoncer le « varenne de l’eau »,que fait l’administration du Ministère de l’Ecologie ? Elle publie en catimini un décret gravant dans le marbre la primauté des fonctions écologiques des zones humides sur les fonctions économiques, tuant ainsi dans l’œuf 50% des projets de retenues en cours et des processus de concertation engagés depuis de nombreuses années.
J’ai été ministre plusieurs fois et j’aime autant vous dire que l’administration ne m’a jamais dit ce que je devais faire ou penser. Et ce ne sera pas différent dans le gouvernement que formera mon Premier Ministre.
Je vous le dis, l’Etat que je dirigerai encouragera résolument le stockage de l’eau et redonnera une réelle place au ministre de l’Agriculture, tant sur la gestion quantitative de l’eau que sur les produits phytosanitaires.
Sur les phytos, d’ailleurs, il faut être clair : nous devons pouvoir soigner les plantes comme nous soignons les hommes.
Et donc, tant que la recherche et l’innovation ne l’autoriseront pas, le « zéro-phyto » n’est pas réaliste.
Si le cœur et le sens du métier d’agriculteur restent et resteront toujours de nous nourrir, il doit aussi être rémunéré pour les services irremplaçables que le travail de la terre rend à l’environnement, à la lutte contre le changement climatique, à notre qualité de vie et à ce que nous sommes.
Qu’il capte le carbone dans le sol, maîtrise la photosynthèse et la biomasse, qu’il entretienne les espaces ouverts et les haies, gère les réservoirs de biodiversité ou préserve les espaces humides, l’agriculteur n’est rémunéré, et souvent trop mal, que pour la valeur des aliments qu’il produit.
Il faut que ça change.
Il faut que les agriculteurs touchent le prix de tous ces services environnementaux et de leur contribution au bien collectif.
Le travail des agriculteurs permet au visage de la France de rester éternel.
Cela n’a pas de prix me direz-vous. Et bien si, nous bâtirons les dispositifs permettant à la nation, aux collectivités et aux acteurs économiques de verser ce prix.
Je mettrai tous les acteurs autour de la table pour bâtir une stratégie carbone collective qui permette de rémunérer la contribution des agriculteurs au stockage du carbone dans le sol et à la biomasse.
L’amélioration des revenus agricoles et de la résilience des exploitations passe aussi par la diversification des exploitations.
A ce titre, la participation de l’agriculture à la décarbonation du mix énergétique français est essentielle au développement des énergies renouvelables.
L’Etat et les collectivités doivent soutenir tous les projets agricoles, notamment de production photovoltaïque sur le bâti agricole, de production de biocarburants, de gaz et de biomasse.
La France doit miser sur les biocarburants, consolider leur statut à Bruxelles, renforcer les filières industrielles, permettre l’autoconsommation à la ferme et dans la filière, y compris logistique, déployer les biocarburants de 2ème génération et mobiliser la rechercher pour valoriser les promesses de l’aérien.
Je serai celle qui rendra confiance aux agriculteurs
Je veux sceller un nouveau Pacte de confiance entre les agriculteurs et les Français, entre les agriculteurs et l’Etat, entre les agriculteurs et l’Europe.
Cette confiance, elle passe avant tout par une parole publique forte sur les valeurs et la responsabilité qui sont celles des agriculteurs. Cela passe par la manifestation de l’amour de la nation à ses agriculteurs, ailleurs qu’au Salon de l’agriculture ou de quelques déplacements orchestrés chaque année. Et cela commence dès l’école.
Le respect des paysans et l’attachement à la terre de France, on l’a ou on ne l’a pas.
Moi je l’ai.
- Les Français doivent aussi retrouver le sentiment de proximité avec ceux qui les nourrissent.
Or, chacun de nous n’a confiance que dans ce qu’il connaît.
Notre alimentation mérite une traçabilité totale et chacun est en droit d’attendre une information claire sur ce qu’il mange, d’où ça vient et comment ça a été produit.
Nous avons hérité de la crise de la vache folle l’étiquetage de l’origine de la viande mais il est encore refusé sur le lait par la justice.
Nous devons absolument arracher à Bruxelles la traçabilité complète des produits agricoles et agroalimentaires et l’étiquetage généralisé de l’origine car la confiance du consommateur est à ce prix.
Reconstruire la confiance des Français passe aussi par une éducation à l’alimentation, un apprentissage des produits, des goûts et des saisons, qui ne se résument pas à une semaine d’animations par an.
La sensibilisation à la culture alimentaire doit rentrer dans les manuels scolaires au même titre que l’éducation à l’environnement ou l’instruction civique.
Nous devons construire une vraie politique de l’alimentation où la qualité est accessible à tous.
Depuis 10 ans, on demande aux agriculteurs de monter en gamme encore et toujours. Le risque est de glisser vers une alimentation à deux vitesses, où l’excellence française est réservée à ceux qui peuvent se l’offrir et où les autres n’ont accès qu’aux importations moins-disantes.
Ce modèle-là, je n’en veux à aucun prix.
Je veux que la qualité des produits français soit accessible à tous, à la maison comme à la cantine ou dans la restauration commerciale.
Je réformerai les règles de la commande publique pour privilégier et sécuriser le recours au local dans l’approvisionnement de la restauration scolaire, hospitalière et administrative.
Avec EGALIM, le gouvernement impose aux maires et aux Régions 50% de produits « de qualité et durables » dans les cantines scolaires mais considère que la production locale n’est, de fait, réputée ni de qualité ni durable !
Monsieur MACRON préfère qu’on nourrisse nos enfants avec des produits importés étiquetés « durables » plutôt qu’avec des fruits, des légumes, de la viande et du lait produits dans leur région en respectant nos règles sur l’environnement et le bien-être animal…..on marche sur la tête.
- Nous devons aussi retisser la confiance entre les agriculteurs et l’Etat.
Pour que cette confiance soit de nouveau possible, il faut que l’Etat redevienne protecteur.
Le nombre d’agriculteurs ne cesse de baisser, un sur 5 encore ces 10 dernières années, et pourtant le nombre de fonctionnaires affectés à l’encadrement et au contrôle des exploitations, lui, ne baisse pas.
Le ministère de l’agriculture doit aussi être celui des agriculteurs et passer d’une administration de contrôle à une administration de service et de proximité.
Renouer avec la confiance dans l’Etat, c’est aussi de faire respecter les processus démocratiques auxquels sont soumis les projets agricoles et agro-alimentaires.
Alors que notre pays a cruellement besoin de voir se réaliser toutes les initiatives et sortir de terre tous les projets créateurs de valeur dans les territoires, réaliser une construction ou une extension, même pour une mise aux normes ou le bien-être animal, implanter une usine de transformation, c’est devenu un parcours du combattant face aux manifestations, aux recours et parfois aux violences.
Le pays se meurt de cette asphyxie. Je veux l’en sortir.
Renouer la confiance avec l’Etat, enfin, c’est faire respecter ses décisions. Sur les ZNT, Natura 2000, la chasse, jamais un gouvernement n’aura été autant démenti par la justice. Sur tous ces sujets, il faut redonner la main aux territoires et sortir de l’uniformisation des textes.
A cet égard, sur le problème des grands prédateurs, il faut reconnaître aux éleveurs un droit la légitime défense quand les troupeaux sont attaqués.
- Réinstaurer la confiance entre les agriculteurs et l’Europe
La France a déserté les couloirs de Bruxelles. Elle y a perdu son influence.
Le directeur général de l’agriculture, le très puissant DG6, a toujours été français. Il ne l’est plus depuis dix ans. Désintérêt, naïveté ou manque de vision, je vous laisse choisir.
Je veux tourner la page d’une diplomatie française qui n’a pas protégé les intérêts des agriculteurs français et laissé nos concurrents garantir l’avantage des leurs.
Je veux que la France soit de retour pour défendre sa vision d’une agriculture européenne forte, viable et durable chez elle, conquérante ailleurs.
Je veux que la France se batte pour exiger la réciprocité des standards de production à nos partenaires commerciaux.
Je veux que la France se batte pour interdire l’entrée de produits qui ne respectent pas nos normes ni notre traçabilité et pour garantir la pression des contrôles communautaires aux frontières de l’Europe.
On ne peut pas accepter que plus de 15% des produits importés des pays tiers ne respectent pas les normes européennes. A ce titre, plus largement, l’instauration de ‘clauses miroir’ sociales et environnementales relève simplement du bon sens.
Je veux que l’on remette un grand « P » comme POLITIQUE à la PAC pour redonner une vision, de l’ambition et du sens à un des fondements de l’aventure européenne qui est en train de perdre sa boussole.
Un grand « P » aussi comme PROTECTRICE de nos paysans.
Je veux que la France se batte pour que la PAC reste fidèle à son « C » comme COMMUNE et garante de la concurrence loyale du marché intérieur, comme de sa capacité à amortir les chocs.
Je veux que la France se batte pour créer une vraie taxe carbone aux frontières de l’Union européenne et rétablisse l’équité environnementale de nos échanges.
L’agriculture n’est pas un secteur comme les autres et encore moins une monnaie d’échange, nous devons la préserver des accords de libre- échange car notre souveraineté n’est pas négociable.
Élue Présidente, pendant la présidence française de l’Union européenne, je porterai l’urgence de replacer l’agriculture tout en haut de la stratégie politique européenne pour battre en brèche les desseins de ceux qui veulent l’affaiblir.
Avec moi, vous l’aurez compris, au lieu de subir, les agriculteurs et l’agriculture retrouveront dans l’agenda politique de la France la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter.
Je serai la présidente qui redonnera audace, fierté et foi dans l’avenir à nos campagnes. L’agriculture, c’est la France. Vive nos paysans, Vive la France.